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Il est rare, sinon même inédit, de mémoire d’Européen(ne) qu’un État membre ait à confronter à la fois une Présidence tournante de six mois de l’Union européenne et une campagne pour les élections présidentielles. C’est pourtant le cas de la France. Pour autant, le mot d’ordre choisi pour cette présidence est spécialement ambitieux : « Relance, Puissance, Appartenance » ; trois thématiques qui reflètent l’urgence de renforcer aussi bien l’Union entre les peuples européens que surtout la force de l’Europe elle-même tant politique qu’économique.

L’Europe en a les moyens. Toutefois, il faut reconnaître que cette force a été mise à mal sur la scène internationale, qu’il s’agisse de l’invasion par la Russie de la Géorgie d’abord, puis de l’Ukraine ensuite, de l’impréparation calamiteuse par les Européens de la réception par Erdogan de la Présidente de la Commission et du Président du Conseil ou encore de la reddition aux Talibans négociée par Donald Trump et mise à exécution par Joe Biden sans concertation avec l’Union européenne.

Le retrait des forces américaines de l’Afghanistan nous a rappelé combien les Européens sont dépendants de l’OTAN, en d’autres termes du parapluie américain, ce qui veut dire qu’ils n’ont pas d’autonomie stratégique. La France, l’Allemagne et le Royaume-Uni n’ont pas été capables conjointement au G7 virtuel coorganisé par les États-Unis et le Royaume-Uni fin août 2021 de convaincre le Président américain de reporter la date du retrait définitif d’Afghanistan, de même qu’ils n’avaient été associés auparavant ni à l’incroyable accord de Donald Trump avec les Talibans, ni à la détermination des modalités du retrait opéré par Joe Biden.

C’est dans ce contexte, qui marque un tournant majeur dans l’équilibre des forces mondiales au regard de ce que l’Europe peut attendre du grand allié américain, que s’inscrit désormais la construction européenne. Le slogan français prend dès lors un relief particulier en soulignant l’urgence d’un redressement économique, politique et moral de l’Union.

La relance, d’abord : elle est inscrite dans le plan de relance sans précédent approuvé par les États membres, le fameux plan Next Generation EU doté de plus de 800 milliards d’euros. Il est complété pour la première fois dans l’histoire européenne par des « eurobonds », ce qui à travers l’emprunt européen ouvre la voie à l’institution d’un véritable « Trésor européen ». La Commission va lever sur les marchés de capitaux environ 800 milliards d’euros à ce titre. N’oublions pas que l’Union a aussi adopté la formule des « social bonds » dans le cadre du programme Sure pour préserver l’emploi en période de crise sanitaire, et ce, à hauteur de 100 milliards d’euros. La solidarité, et pour un montant inégalé, est donc en marche. Et on peut espérer que des projets véritablement européens et d’ampleur voient le jour dans un délai plus rapide que Galiléo !

La puissance, ensuite : la notion de « Europe puissance » est toujours aussi incongrue en dépit du Brexit, c’est-à-dire en l’absence des Britanniques qui l’associaient au fédéralisme et la rejetaient radicalement. Mais il y a en Europe une véritable puissance économique qui s’affirme à travers des champions mondiaux et on l’espère, à travers les innovations boostées par la lutte contre le changement climatique dont l’Union européenne se veut le leader. Quant à la puissance politique, il suffit de la volonté des États membres pour qu’elle devienne réalité. L’Europe est un nain internationalement — entre les deux grands rivaux que sont les États-Unis et la Chine — parce qu’elle le veut. Il est urgent qu’elle change de logiciel. D’abord, comme Angela Merkel l’avait soutenu devant le Parlement européen voici deux ans, il faut songer à une armée européenne, en lien certes avec l’OTAN, mais qui ait son existence propre. Il est un fait que la sécurité des Européens n’est pas garantie en dépit de l’article 5 du traité OTAN. Ensuite, s’il est louable que l’Europe entende défendre ses valeurs par la négociation et la soft law, hélas, dans le monde tel qu’il est, une certaine démonstration de force est aussi bienvenue sur la scène internationale : la défense de ses intérêts n’est antinomique de la défense de ses valeurs.

Reste l’appartenance, enfin : Le Tribunal constitutionnel allemand dans un jugement de 2009 a nié l’existence d’un « peuple européen », considérant le concept de « peuple » comme purement national. C’est mal comprendre la philosophie de l’Union européenne qui ne survivra pas aux aléas de l’histoire si elle est une mosaïque de nations, comme l’était la Yougoslavie. La première difficulté est moins historique que linguistique. Le père de l’excellent historien François Kersaudy, Georges Kersaudy, était un farouche partisan de l’esperanto. Mais peu ont adhéré à cette cause qui méritait qu’on s’y arrête. Il faut donc prendre acte de ce que l’anglais est devenu la lingua franca, même si le français reste une langue internationale. Il convient donc que le gouvernement français, comme c’est le cas notamment en Scandinavie, inscrive l’anglais comme langue obligatoire au programme dès la petite enfance. Quant à la politique migratoire, elle est tellement chaotique qu’elle devient dangereuse pour l’Union européenne dont l’attractivité ne se dément pas. Bâtir une véritable politique commune doit être le but prioritaire. On ne peut laisser certains États comme l’Italie et la Grèce, notamment, faire face à un afflux immaîtrisable. Il faut donc être impitoyable vis-à-vis des passeurs et maîtriser l’entrée et le séjour des étrangers en écartant ceux qui mettent en péril notre sécurité. Mais l’immigration est la marque de fabrique de toutes les démocraties et c’est aussi une chance pour l’Europe. Comme c’est son devoir moral de sortir du bourbier afghan, toutes femmes et tous les hommes et enfants qui demeurent dans le pays sont en grand danger pour avoir contribué aux forces alliées avant le 31 août dernier.

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