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Entretien du 29/06/07
Antonio Victor Martins Monteiro
Ambassadeur du Portugal en France

L’espoir et la confiance en l’Europe renaîtront

 Le Cercle des Européens : Après le Conseil européen des 21 et 22 juin dernier et l’accord sur le futur « traité réformateur », les observateurs évoquent les ambitions plus « modestes » de la présidence portugaise, surtout focalisées sur la rédaction sous forme juridique de l’accord entériné à Bruxelles…

Antonio Victor Martins Monteiro : Pour le Portugal ce ne sont pas les effets d’annonce qui sont importants, ce sont les résultats. C’est vrai, on affiche une certaine modestie. Mais elle est justifiée. Nous avons déjà trop payé l’arrogance dont les dirigeants européens font parfois preuve en n’expliquant pas aux citoyens quels sont leurs projets. Mais, détrompez-vous, les objectifs de notre Présidence sont ambitieux. Ils sont clairs et précis. La première priorité est de mettre en œuvre dans un traité l’accord conclu sous présidence allemande à qui il faut d’ailleurs rendre hommage pour son remarquable travail. Une fois ce traité rédigé, l’espoir et la confiance en l’Europe renaîtront. Ce qui nous permettra de mettre en œuvre les autres chantiers.

Vous n’avez pas peur que les dirigeants polonais fassent marche arrière et remettent en cause l’accord conclu à Bruxelles ?

Nous n’avons aucun souci avec la Pologne, comme l’a dit et répété notre Premier ministre, Jose Socrates. On ne va pas rouvrir un dossier sur lequel il y a eu un accord unanime. Maintenant, il faudra évidemment clarifier certains points lors de la rédaction du traité. Nous aurons peut-être quelques difficultés à surmonter, mais c’est le processus normal dans la rédaction de tout traité. Nous sommes confiants.

Dès le premier jour de votre présidence, votre Premier ministre a dit qu’il était favorable à la poursuite des négociations d’adhésion avec la Turquie. Votre gouvernement se démarque nettement de Nicolas Sarkozy qui s’oppose à l’entrée de la Turquie dans l’Union ?

Il ne s’agit pas de s’opposer, mais de respecter les engagements qui ont été pris par le passé avec la Turquie. Nous respectons le principe du calendrier des négociations d’adhésion avec ce pays. On ne change pas les règles du jeu en cours de route. Il y a un long chemin à parcourir et nul ne peut préjuger de la décision finale, même si au Portugal, nous avons un préjugé favorable à l’adhésion. Il faudra de toute façon voir si la Turquie remplie tous les critères « de Copenhague » exigés de tout pays entrant dans l’UE et qui sont clairement définis. Nous avons peut-être des différences de perspectives avec le Président français, mais sur le fond, nous pouvons travailler ensemble et sans drame !

Autre point de friction possible avec Nicolas Sarkozy, le déficit de la France qui dépasse les 3% du PIB et que le gouvernement français ne semble pas pressé de réduire…

La ligne qu’il faut suivre, c’est le respect des critères du Pacte de stabilité et de croissance. Le Portugal met en oeuvre un programme rigoureux d’économies pour équilibrer ses finances publiques. Tous les pays européens doivent obéir aux mêmes règles. En fonction des circonstances, on peut se mettre d’accord sur des adaptations, des améliorations ou des ajustements du Pacte de stabilité et de croissance. [Ainsi Nicolas Sarkozy a exprimé le souhait que les dépenses affectées à la Défense ne soient pas prises en compte dans le calcul du déficit. NDLR] Mais il ne peut y avoir de décision unilatérale. Le Président Sarkozy a annoncé qu’il participait en personne à l’Eurogroupe, c’est le moment de discuter de cette problématique.

Quelle sont les autres priorités de votre présidence ?

C’est évidemment la stratégie de Lisbonne, adoptée en 2000 lors la dernière présidence portugaise et qui vise à faire de l’Union européenne l’économie de la connaissance la plus compétitive du monde. On sait que son application est un échec, mais la stratégie est bonne ! Il faut revitaliser le volet économique, social et environnemental. Sur le volet économique, l’Europe a besoin d’un nouvel agenda du marché intérieur, d’un renforcement du triangle de la connaissance (innovation, recherche et éducation) et d’une approche plus dynamique de la politique côtière communautaire. Sur le volet social, la priorité c’est évidemment l’emploi, mais aussi la qualification professionnelle, l’équilibre entre le travail et la famille, la lutte contre la pauvreté. La « flexisécurité » est également une piste intéressante dans la logique de la lutte contre le sous-emploi.

Et vos priorités sur les dossiers extra-communautaires ?

Il y aura tout d’abord en décembre un nouveau grand Sommet UE-Afrique. Or le Portugal connaît bien cette région et nous considérons que l’enjeu des liens avec l’Afrique est majeur pour les Européens. La présidence portugaise va également travailler sur l’espace de liberté, de justice et de sécurité : les flux migratoires, la frontière sud de l’Europe, la lutte contre l’immigration illégale, le trafic des êtres humains, toutes ces thématiques sont à la pointe des préoccupations de l’Europe. Nous voulons également renforcer le partenariat euro-méditerranéen, notamment sur le dossier de l’aide au développement. Et enfin nous animerons quatre grands Sommets avec les acteurs de la scène internationale que sont les grands pays émergents : la Russie, la Chine, le Brésil et l’Inde. Le Sommet UE/Brésil sera d’ailleurs une première, et nos liens séculaires et linguistiques avec ce pays sont évidemment un atout pour notre présidence.

Avoir un président de la Commission portugais, ça change quelque chose ?

Pour nos concitoyens, c’est une source de fierté et de satisfaction et ça facilite évidemment les choses. Ce fut par exemple très simple de s’entendre sur les priorités de notre Présidence. José Manuel Barroso et les autorités portugaises se connaissent tous très bien. J’ai été moi-même ministre des Affaires étrangères entre 2004 et 2005 et je suis familiarisé avec le fonctionnement gouvernemental du Portugal en tant que pays membre de l’UE. Récemment, une réunion a eu lieu entre la Commission et tout le gouvernement portugais, ce fut un réel plaisir. Vous savez, l’Europe fonctionne bien quand son pilier intergouvernemental (le Conseil et sa présidence) et la Commission travaillent main dans la main…

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