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Intervention du 2/07/07

Le Portugal reprend les rênes de l’Europe

Après l’accord obtenu au sein du Conseil européen le 23 juin, il revient à la présidence portugaise de veiller à ce que la CIG élabore sans tarder un « traité réformateur ». La modernisation de l’économie européenne, la coopération judiciaire et policière ainsi que les dossiers internationaux constituent les trois autres priorités de la présidence portugaise de l’Union.

La tâche est rude après le long coma qu’a connu l’Union à la suite le double Non français et néerlandais au référendum sur la Constitution européenne de mai et juin 2005. Mais le réveil a sonné. Il s’appelle « traité réformateur », du nom donné au texte que les 27 dirigeants Européens ont demandé à la Conférence intergouvernementale (CIG) - qui sera formée prochainement - de rédiger pour remplacer le défunt « traité constitutionnel. »

Vers un « traité réformateur »

L’accord obtenu au sein du Conseil européen le 23 juin est une victoire de la présidence allemande. Angela Merkel, avec notamment le fort appui de la France, est parvenue à surmonter l’attitude de blocage de la Pologne et les réticences de la Grande-Bretagne. Elle a surtout amené les Etats à donner à la future Conférence intergouvernementale, chargée de rédiger un texte, un mandat suffisamment clair (voir édito ci-contre). Pour autant, le chemin qui conduira à l’adoption du traité, puis à sa ratification dans les 27 Etats membres de l’Union, risque d’être encore semé d’embûches. Les responsables portugais en sont parfaitement conscients. Le Premier ministre portugais a annoncé que, dès la fin du mois de juillet, la CIG serait invitée à se réunir. Il revient à la présidence portugaise de veiller à ce que la CIG élabore sans tarder un « traité réformateur » précis et lisible, sans pour autant en rabattre trop par rapport aux ambitions d’une Europe politique intégrée et donc mieux gérable.

Moderniser l’économie européenne.

La deuxième priorité, mentionnée par le Premier ministre portugais, est « la modernisation de l’économie ». Cet objectif renvoie à la « Stratégie de Lisbonne » lancée en 2000 par les Quinze dans le but de faire de l’Europe « l’économie de la connaissance la plus compétitive au monde ». Cette stratégie, ambitieuse dans les mots, est un échec dans les faits. On comprend que le gouvernement portugais soit particulièrement attaché à son succès. De plus, il n’y a pas de stratégie de rechange. Il faut en effet adapter l’environnement tant social, qu’économique ou juridique des entreprises si l’on veut que l’UE soit en mesure de lutter efficacement contre la concurrence des pays émergents. Seulement voilà : la « Stratégie de Lisbonne » est un catalogue de bonnes intentions, sans mécanisme contraignant pour les transformer en véritables réalisations. Tout repose sur « l’échange de bonnes pratiques », c’est-à-dire en réalité sur le bon vouloir des Etats. La présidence portugaise entend néanmoins insister sur la flexisécurité – méthode inspirée du Danemark - semblant concilier souplesse d’adaptation des emplois pour l’employeur, et sécurité du parcours professionnel pour le salarié. Le but est une réduction drastique du chômage en Europe. La présidence portugaise paraît vouloir aller plus loin qu’un rappel des réformes qui pourraient être mises en oeuvre par les Etats. Le Premier ministre Socrates a évoqué l’éventualité de définir « les principes généraux et communs au plan européen » des politiques en matière d’emploi. S’agirait-il d’un texte contraignant ? Des débats ne manqueront pas d’avoir lieu à ce sujet. La présidence portugaise évoque par ailleurs l’efficacité énergétique, soulignant l’importance du problème de la dépendance énergétique de l’Europe. Hélas, on ne voit pas à brève échéance les Européens s’accorder sur une véritable politique commune pourtant indispensable face au défi auquel tous ont à faire face. C’est pourquoi la présidence portugaise n’émet pas de proposition en ce sens.

L’Europe qui protège

La troisième priorité concerne la sécurité. En matière de coopération judiciaire et policière, le Portugal a promu un système d’échange de données – « SIS one4all » (Système d’information Schengen, un pour tous) – sur lesquels les 27 se sont mis d’accord le 12 juin 2007. Il consiste dans le stockage dans une banque européenne de données de toutes les informations sur les visas, y inclus les empreintes digitales et les photos. Ce fichier sera accessible aux autorités nationales compétentes de tous les Etats membres. Aussi est-il logique que la présidence portugaise s’attache à concrétiser cet accord très important. Dans la même logique, le Portugal entend bien donner tout son sens à la création à Lisbonne de l’Agence européenne de la Sécurité maritime, dont le rôle est d’appuyer l’action des Etats pour prévenir et lutter contre des fléaux tels que les naufrages de l’Erika et du Prestige.

L’Europe, acteur sur la scène mondiale

Les dossiers internationaux sur la table des dirigeants européens et de Javier Solana, ne manquent pas : statut du Kosovo, course au nucléaire en Iran, crise politique et humanitaire au Darfour, arrêt des négociations OMC…Il y a peu de chances que le Portugal parvienne à trouver toutes les solutions. D’ailleurs, cela ne relève pas de la seule Union européenne. En revanche, il est intéressant de noter les priorités que s’est assignées la présidence portugaise, qui correspondent à sa vocation historique d’Etat tourné vers l’Amérique du Sud et l’Afrique. D’une part, pour la première fois, le 4 juillet 2007, se tiendra un Sommet UE/Brésil. Le Portugal est d’autant mieux désigné pour en être l’organisateur que le Brésil, ancienne possession portugaise, est lusophone et a gardé des liens étroits avec le Portugal. Il fallait réparer en effet un oubli car l’Union a tenu des Sommets avec tous les pays du BRIC (Russie, Inde et Chine), mais il manquait le B, pour Brésil. Dans le même esprit, se tiendra sous présidence portugaise un Sommet UE/Afrique, le dernier ayant eu lieu…en 2000. Le prochain Sommet devrait donc marquer une nouvelle étape dans la coopération entre les Européens et les Africains. Enfin, le Portugal présidera une conférence Euromed, rassemblant les pays des deux rives de la méditerranée. La France est elle aussi très intéressée par Euromed sur un plan non seulement culturel, mais aussi économique et politique.

Une présidence portugaise qui n’a pas tardé à aborder le fond des dossiers

Les sujets de discussion avec la France, dans d’autres domaines, sont déjà connus : la présidence portugaise a fait savoir en effet qu’elle appuierait la candidature de la Turquie vis-à-vis de laquelle le Président français a manifesté de grandes réticences, la France ayant empêché en juin 2007 l’ouverture de négociations avec la Turquie sur le chapitre de l’euro (parmi les 35 chapitres des négociations d’adhésion). Le Portugal a également fait connaître sa préoccupation face au déficit public en France non conforme aux exigences du Pacte de Croissance et de Stabilité. Ces sujets et bien d’autres vont donc occuper la scène européenne pendant tous les mois à venir. C’est pour que l’Europe devienne « une Union plus forte pour un monde meilleur » selon la devise de la présidence portugaise qu’ils seront débattus et traiter pendant les six mois qui vont s’écouler. Le Cercle des Européens dit Bonne Chance aux amis portugais.

La présidente Noëlle Lenoir

https://twitter.com/noellelenoir

  • Avocate
  • Membre honoraire du Conseil Constitutionnel
  • Conseiller d’État honoraire
  • Ministre déléguée aux Affaires européennes (2002-2004)
  • Présidente du Cercle des Européens (depuis 2004)
  • Présidente d’honneur-fondatrice (1994) de l’Association des Amis d’Honoré Daumier
  • Présidente du Cercle Droit et débat public (depuis 2019)
  • Membre de l’Académie des Technologies
  • Membre de l’American Law Institute
  • Administrateur de HEC Business School
  • Vice-Présidente d’ICC France
  • Présidente du Comité international de bioéthique de l’UNESCO (1993-1998)
  • Présidente du groupe de conseillers pour l’éthique de la biotechnologie de la Commission européenne (1994-1998)
  • Déontologue de l’Assemblée Nationale (2012-2014)
  • Présidente du Comité d’éthique de Radio-France (2017-2018)
  • Présidente du Comité Éthique et scientifique de Parcoursup (2018-2019)
  • Visiting Professor à la Faculté de droit de Columbia
  • University à New-York (2001-2002)
  • Professeure affiliée à HEC (depuis 2002)
  • Présidente de l’Institut d’Europe d’HEC (depuis 2004)
  • Bâtonnier honoraire de Gray’s Inn à Londres (depuis 1996)
  • Docteur honoris causa de Suffolk University à Boston (USA) et de University College London (Royaume Uni)
  • Honorary Fellow du Hasting Center (USA)
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