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Dans sa chronique "Le Monde selon Noëlle Lenoir", la présidente du Cercle nous fait partir sur les vols de Turkish Airlines sur les ondes de France Culture.
La compagnie aérienne Turkish Airlines, dont l’actionnaire majoritaire est l’Etat turc, vient d’annoncer qu’elle avait décidé d’habiller désormais ses hôtesses à la façon ottomane, c’est-à-dire avec une longue chasuble et un fez sur la tête. Aujourd’hui encore, elles sont, pimpantes, en tailleur jupe droite et jolie veste à trois boutons.
La rumeur dit que cette annonce, qui vient après la décision de la compagnie de supprimer toute offre d’alcool sur les lignes intérieures turques, aurait pour objet de plaire au très dévot chef du Gouvernement, Monsieur Erdogan. Elle n’en pas moins provoqué de vives réactions, pas seulement dans les mouvements féministes, mais dans la société civile toute entière et notamment les jeunes. D’où une grand effervescence sur les réseaux sociaux. On tweet aussi beaucoup en Turquie !
Car l’affaire dépasse l’anecdote. Il ne s’agit pas seulement pour le gouvernement d’allonger les jupes des filles, mais d’affirmer aux yeux de la communauté internationale l’identité orientale du pays et de remettre les femmes à leur place.
Sous l’impulsion de Kemal Atatürk, premier Président de la République turque, et despote tout à fait éclairé qui a gouverné le pays à partir 1920, la condition des femmes turques a longtemps été plus enviable que celles de leurs congénères des autres pays du Moyen-Orient. Et ce grâce à la laïcité, la Turquie étant le seul pays au monde, avec la France, à se proclamer Etat laïc dans sa Constitution.
Le gouvernement de Monsieur Erdogan est en train de faire voler cela en éclats :
L’exemple vient d’en haut, c’est vrai. La femme de Recep Erdogan ne quitte pas son foulard. C’est surtout une certaine conception du rôle de la femme dans la société qui s’exprime dans les propos du Premier ministre quand il martèle que les femmes turques se doivent d’avoir au moins trois enfants (et sous-entendu qu’elles restent à la maison pour les élever)
La Turquie – candidate à l’accession à l’Union européenne – s’éloignent ainsi à grands pas des standards européens qui imposent une stricte égalité hommes/femmes. Et d’ailleurs, alors qu’en Europe, ce sont les femmes qui sont maintenant en majorité diplômées, en Turquie moins de la moitié des jeunes filles ont accès à l’enseignement supérieur (contre près de 70% en Europe)
À l’occasion de sa visite en Turquie le 25 février dernier, Angela Merkel, la chancelière allemande, s’est montrée favorable à une relance des négociations d’adhésion entre l’Union européenne et Ankara qui sont plus ou moins stoppées, en raison des réticences allemandes et d’une bonne partie de l’opinion française.
A quelques mois seulement des élections générales en Allemagne, le poids important des électeurs allemands d’origine turque a pesé dans la balance pour la faire changer d’avis sur l’entrée de Turquie en Europe. Madame Merkel a déploré auprès du Premier ministre le sort fait aux journalistes emprisonnés pour délits d’opinion en Turquie. C’est digne et c’est louable.
Mais à mon avis, elle aurait pu aussi aborder la question de la régression de la condition des femmes sous l’effet de l’islamisation d’un pays de moins en moins laïc.
L’histoire du costume des hôtesses de l’air de la compagnie Turkish Airlines, n’a rien d’une histoire de chiffons. C’est un symptôme de l’évolution de la condition des femmes et du déclin de leurs droits dans un grand et beau pays qui pourtant aspire à nous rejoindre.
https://twitter.com/noellelenoir
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