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Brian Cowen, Premier ministre irlandais, reçu par le Président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, quelques jours après le "non" irlandais au traité de Lisbonne, lors du référendum du 12 juin 2008. © Union européenne

 

Brian Cowen, Premier ministre irlandais, reçu par le Président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, quelques jours après le "non" irlandais au traité de Lisbonne, lors du référendum du 12 juin 2008. 

Le 12 juin 2008, toute l’Europe avait les yeux rivés sur l’Irlande, seul pays à organiser un référendum pour la ratification du Traité de Lisbonne. Le lendemain les résultats tombaient : les Irlandais ont dit "non" au Traité à une importante majorité : 53,4% des voix contre et seulement 46,6% de votes favorables. Le taux de participation qui était donné comme crucial dans l’issue du vote s’est élevé à 53,1%.

Trois ans après le "non" français et néerlandais au Traité constitutionnel, le rejet du Traité de Lisbonne par l’Irlande fait peser sur l’Union européenne la menace d’une nouvelle crise politique et institutionnelle. Adopté par les 27 chefs d’Etats et de gouvernements, le 13 décembre 2007, le Traité de Lisbonne, devait permettre à l’Union européenne de sortir de l’impasse, suite à l’abandon du Traité constitutionnel en 2005, et de résoudre enfin la question de la réforme des institutions, sur la table des négociations depuis plus de 10 ans. Pour pouvoir entrer en vigueur au 1er janvier 2009, date initialement prévue, le traité devait être ratifié par l’ensemble des 27 Etats membres. Au 12 juin 2008, 18 Etats membres sur 27 s’étaient prononcés en faveur du Traité de Lisbonne.

Le "non" irlandais a donc retenti comme un véritable choc au sein de l’Union européenne et de la classe politique irlandaise, dont tous les grands partis, de gouvernement comme d’opposition, à l’exception du Sinn Féin, avaient fait campagne pour le oui. Nommé à la tête du gouvernement en avril 2008, suite à la démission de Bertie Ahern, le Premier ministre Brian Cowen, avait pourtant fait de la ratification du Traité de Lisbonne son objectif prioritaire. Son ministre des Affaires européennes, Dick Roche, comptait parmi les plus ardents défenseurs du Traité de Lisbonne, à propos duquel il déclarait : "C’est un traité extrêmement équilibré entre les Etats membres, égalitaire entre petites et grandes nations, conçu pendant près de huit ans par des milliers de personnes, au terme de millions d’heures de réflexion." Mettant en garde sur le fait qu’une forte abstention favoriserait le "non", Dick Roche redoutait à l’approche du vote, les conséquences "catastrophiques" d’un rejet irlandais du traité qui aurait selon lui constitué une "défaite majeure" pour l’UE. Si les sondages réalisés depuis le début de la campagne indiquaient une majorité pour le oui avec une part importante d’indécis (aux alentours de 25%), la tendance les dernières semaines avaient souligné une progression notable du non. Un sondage publié une semaine avant le référendum, donnait pour la première fois le non vainqueur, provoquant au sein de la classe politique irlandaise la crainte d’une réédition du scénario de 2001.

En 2001, l’Irlande s’était en effet prononcée contre le Traité de Nice, plongeant alors l’Union européenne dans la paralysie. La faible participation : 35%, avait alors été décisive dans la victoire du non. C’est seulement après avoir obtenu une série de dérogations qu’un second référendum, tenu une année plus tard, avait permis l’adoption du traité et son entrée en vigueur dans toute l’Union.
Cet épisode laissa un souvenir douloureux à Brian Cowen qui était alors ministre des Affaires étrangères et avait à ce titre été tenu en partie responsable de cet échec. Sept ans plus tard et à une semaine d’un nouveau référendum crucial pour l’Irlande et pour l’Europe, Brian Cowen, bien conscient des enjeux, prévenait qu’une victoire du "non" au référendum de jeudi donnerait un "coup d’arrêt" à la construction européenne. Le gouvernement irlandais mesurait également qu’une victoire du non faisait courir le risque d’un isolement de l’Irlande au sein de l’Union européenne. Le ministre des Affaires européennes, Dick Roche, avait d’ailleurs déclaré à ce propos que "L’idée que 27 gouvernements se remettent au travail pour la seule Irlande est absurde".

Le retentissement du "non" irlandais tient au paradoxe qu’il souligne : le pays qui a le plus tiré profit de son adhésion à l’Union européenne – pays le plus pauvre d’Europe en 1973, l’Irlande a par la suite connu une croissance économique spectaculaire pour devenir deuxième pays le plus riche de l’Union européenne en terme de PIB par habitant – et le pays dont les citoyens apparaissent, dans les enquêtes d’opinion Eurobaromètres, comme les citoyens européens les plus satisfaits de leur appartenance à l’Union, dit non à l’Europe ! En réalité, ce nouveau vote souligne avant tout les limites de l’usage du référendum pour l’adoption des traités européens. La complexité du texte soumis aux électeurs, associée à l’habileté des partisans du non à jouer sur les peurs des Irlandais (perte de la neutralité du pays, afflux d’immigrés, hausse de la fiscalité ou encore perte d’influence au profit des grands Etats) ou a brandir l’épouvantail d’une élite bruxelloise toute puissante ont effet empêché les véritables enjeux liés à l’adoption de ce traité d’émerger dans le débat. On ne manquera pas de souligner à ce titre, les fortes similitudes avec le référendum français de 2005.

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