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Herman Van Rompuy, Président du Conseil européen, Barak Obama, Président des Etats-Unis d'Amérique et José Manuel Barroso, Président de la Commission européenne, à l'issue du sommet UE/Etats-Unis qui se tenait à Lisbonne le 20 novembre 2010.

 

Le premier sommet Union européenne / Etats-Unis depuis l'entrée en vigueur du Traité de Lisbonne, en la présence de Barak Obama, s'est tenu dans l'ombre du sommet de l'OTAN qui se avait lieu deux jours plus tôt dans la capitale portugaise. Faute de véritable enjeux à ces discussions transatlantiques, le Président américain à réaffirmé aux dirigeants européens que les Etats-Unis n'avaient pas de meilleurs alliés au monde.

Pour le premier sommet Union européenne / Etats-Unis depuis l'entrée en vigueur du Traité de Lisbonne, la présence de Barak Obama était particulièrement attendue. L'annulation de la venue du Président américain au sommet prévu en mai 2010, sous présidence espagnole, avait en effet été vécue comme un véritable camouflet par les dirigeants européens et plus particulièrement par le Premier ministre José Luis Zapatero qui avait fait de cette rencontre, un moment fort de sa présidence.

La difficulté à identifier un interlocuteur unique au sein de l'Union européenne, avait alors été évoquée comme la principale raison au désistement de Barak Obama, que la presse a dit agacé par cette pléthore de présidents. Depuis l'entrée en vigueur du Traité de Lisbonne, deux nouveaux personnages ont en effet fait leur apparition sur la scène européenne : le Président du Conseil européen, en la personne d'Herman Van Rompuy, et le Haut représentant pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, en la personne de Catherine Ashton. Or, compte tenu du maintien de la présidence tournante du Conseil et de la présence du Président de la Commission européenne à ces sommets internationaux, ce ne sont pas moins de quatre responsables européens qui se trouvent, depuis le 1er décembre 2009, en position de porter la voix de l'UE. Conçu comme un moyen d'apporter une réponse au manque d'incarnation de l'Europe vis-à-vis de l'extérieur et donc comme une réponse à la fameuse question d'Henry Kissinger : "l'Europe quel numéro de téléphone ?", le Traité de Lisbonne semble avoir brouillé les rôles au lieu de les clarifier.

Le manque de lisibilité institutionnelle de l'UE n'était toutefois pas la seule raison à l'annulation du sommet de Madrid en 2010. L'absence de dossiers majeurs à l'ordre du jour y aurait en effet également largement contribué. Six mois plus tard, le constat fait par l'administration américaine n'était guère différent, d'où la volonté de coupler le sommet UE / Etats-Unis avec le sommet de l'OTAN qui se tenait à Lisbonne les 18 et 19 novembre et qui lui constituait un rendez-vous crucial pour le Président américain. Au menu des discussions figuraient en effet des dossiers stratégiques de la politique extérieure américaine : le retrait d'Afghanistan, la défense anti-missile en Europe, la relation avec la Russie et la définition d'un nouveau concept stratégique pour l'Alliance atlantique.

Après deux jours d'intenses discussions qui engageaient l'avenir de l'Alliance atlantique, le sommet UE/ Etats-Unis s'est résumé à une discussion de moins de deux heures entre Barak Obama, Herman Van Rompuy, José Manuel Barroso, Catherine Ashton et le Commissaire chargé du Commerce, Karel de Gucht. Dans un contexte de timide reprise économique, le renforcement du partenariat transatlantique et la réforme du système économique international, suite au G20 de Seoul (le 10 novembre), étaient au centre de la réunion.

Ces derniers mois, le Président américain avait fait part de sa vive inquiétude quant aux conséquences de la crise grecque. La perspective d'un plan d'aide à l'Irlande ne faisait que renforcer le scenario "d'effet domino" au sein de la zone euro. Du côté des Européens, les inquiétudes étaient ailleurs. La priorité était de lutter contre la guerre des changes et la politique de "la planche à billets" conduite par les Etats-Unis. Les Européens avaient en effet vu d'un très mauvais œil l'injection par la Banque centrale américaine (Fed), le 4 novembre, de 600 milliards de dollars de liquidités. La conséquence de cette décision avait été un nouvel affaiblissement du dollar face à l'euro.

Lors de cette réunion, chacun se voulait donc rassurant. Tandis que l'UE affirmait mettre en place les mécanismes nécessaires pour préserver la stabilité financière de la zone euro, les Américains s'engageaient à "éviter les politiques de dévaluation compétitive et de taux de change ne reflétant pas les fondamentaux économiques". La déclaration finale appelait par ailleurs à un approfondissement du commerce transatlantique afin de stimuler la croissance et les emplois sur les deux continents. Pour répondre aux "défis globaux" tels que le cyber-crime et la cyber-sécurité, un groupe de travail sera mis en place. Rien de nouveau en revanche concernant les négociations climatiques. Malgré les divergences apparues à Copenhague (en décembre 2009) et la menace d'un nouvel échec de la conférence de Cancun qui se tenait à la fin du mois novembre, la déclaration se contentait d'affirmer l'engagement de chacun à "promouvoir un résultat positif" à l'occasion de ce prochain rendez-vous.

Pour Barak Obama, qui se voyait de plus en plus reprocher de tourner le dos à l'Europe , l'objectif de sommet éclair, était simple : transmettre aux Européens le message selon lequel les Etats-Unis n'ont pas de meilleurs alliés au monde. Tel était l'objet de la tribune signée par le Président américain dans le New York Times, en amont de sa visite et tel était la principale teneur de ses déclarations en conférence de presse à l'issue du sommet. "La relation de l'Amérique avec ses alliés européens et partenaires est le pivot de notre engagement dans le monde. Et c'est un catalyseur pour la coopération mondiale", affirmait-il alors.

Après l'euphorie suscitée par l'élection de Barak Obama, l'issue décevante de la conférence de Copenhague en 2009 et le rendez-vous manqué de Madrid en 2010, sont certainement deux épisodes emblématiques qui doivent ramener les Européens à aborder leur relation avec les Etats-Unis de façon plus réaliste. L'intérêt renforcé du Président américain à l'égard de l'Asie ou des pays émergents, sa concentration sur des dossiers stratégiques comme celui de l'engagement militaire en Afghanistan, en Irak ou de l'avenir de l'OTAN, et son inévitable repli sur la politique intérieure après la défaite des démocrates aux élections de mi-mandat : tout ces faits doivent certainement être davantage considérés une réorientation des priorités politiques américaines, guidée par le réalisme, que comme des preuves d'un véritable désamour et rejet de l'Europe.

Enfin, pour que les sommets entre l'Union européenne et les Etats-Unis occupent une place stratégique dans l'agenda du Président américain et débouchent sur de véritables résultats, il faudrait que les dirigeants européens soient capables de parler d'une seule voix, qu'il s'agisse de politique extérieur ou de politique économique. Faute d'être unie l'UE perdra réellement toute influence face aux grandes puissances mondiales.

 

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